Samedi 18 novembre au Rize,

Cette rencontre d’une trentaine de personnes avait pour objet de partager et discuter les modalités d’engagement avec les personnes en situation de migration. Il s’agissait de questionner les pratiques interactionnelles avec un regard critique et éthique.

De nombreuses réflexions ont été soulevées dont quelques-unes, me paressant essentielles et/ou révélatrices, que j’aimerais partager avec vous.

Ainsi, pour commencer, il y a d’emblée eu un consensus sur un point : il s’agit de construire avec et non pour. Soit, les personnes ne doivent pas être prises comme objet des politiques publiques ou des actions mises en place mais bien comme des sujets, des acteurs. Leurre dommageable du point de vue de la perpétuation des rapports de force et de l’annihilation des capacités d’action des individus. L’action doit donc être pensée et construite en collaboration, en permettant les apports mutuels.

Une autre réflexion, on ne peut plus intéressante, concernait le relatif désengagement des pouvoirs publics du financement d’actions en direction des personnes réfugiées et/ou demandeuses d’asile. L’Université de Grenoble par exemple, qui a mise en place un diplôme d’université pour la formation intensive en langue et culture française à destination des personnes inscrites dans un processus de demande d’asile ou du statut de réfugié, a eu recours au financement participatif et au financement privé afin que ce projet voit le jour. On remarque donc que les valeurs de solidarité et de justice sociale semblent reléguées au second plan de l’échelle des priorités étatiques et glissent doucement dans le domaine de la charité et de la générosité.

La présentation par Francesco Garufo, d’un extrait de son exposition L’étranger à l’affiche : identité et altérité dans l’affiche politique suisse (1918-2010), a permis de mettre en lumière les processus politiques de construction de l’altérité et par la même, de déconstruire les représentations criminalisantes des personnes en situation de migration. L’exposition illustre le glissement des discours politiques d’une lutte des classes vers une soi-disant lutte des « civilisations ».

Malgré tout, ces opérations critiques ne doivent pas se substituer ou endiguer l’action. Au contraire, elles doivent être conscientisées et la porter. Elles doivent servir de base à l’élaboration et à l’amélioration des projets. En ce sens, je me permettrais donc de souligner l’absence de personnes en situation de migration lors de cette table ronde. Non pour la discréditer mais bien parce qu’il aurait été intéressant d’avoir l’occasion de partager et de confronter nos idées ensemble pour élaborer communément.

J.Q.


Le Rize est partenaire du colloque  « Engagement citoyen, démocratie locale, participation » co-organisé par le Centre européen des études républicaines (CEDRE) dirigé par l’historien Olivier Christin et par l’Université Lyon 2. Il s’agit d’interroger les nouvelles formes d’engagement civique, les nouvelles formes de militantisme, et de contribuer à apporter un contrepoint à l’idée de désintéressement des citoyens pour « la politique », par rejet « des politiques ».

S’engager avec les migrants

La fermeture de l’Europe aux personnes qui fuient la guerre, la misère, les régimes autoritaires, au Moyen Orient ou en Afrique, est révélatrice d’une grave crise des valeurs humanistes et démocratiques qui sont censées la fonder. Dans le même temps de nombreux citoyen.ne.s, organisé.e.s ou non, s’engagent,  au risque parfois de la criminalisation de leur action, en exprimant concrètement leur solidarité : héberger, nourrir, donner la parole, partager …. Cette ouverture aux plus démuni.e.s participe de ces nouvelles formes d’engagement que l’on a vu s’affirmer au cours de ces dernières décennies.

C’est autour de ces modalités d’engagement, dans leur diversité, leur créativité, que nous souhaitons faire circuler la parole et croiser les expériences. Dans un esprit où il ne s’agit pas tant de faire « pour » que de faire « avec » les personnes migrantes, dans une démarche qui ne soit pas à sens unique mais qui intègre les apports mutuels dans la relation construite.

Cette table ronde permettra un échange croisé entre chercheur.e.s, praticien.ne.s, associatifs/ves, engagé.e.s de différents points de vue avec les personnes migrantes.


PARTICIPANTS

Leite Fernanda, directrice du CCO à Villeurbanne, porteuse du projet Palimpseste

Garufo Francesco, maître assistant en histoire à l’Université de Neufchâtel, spécialiste de l’histoire des migrations

Mekdjian Sarah, maîtresse de conférence en géographie à l’université de Grenoble-Alpes, en recherche avec des migrants autour de la carte https://visionscarto.net/cartographies-traverses

Van Styvendael Cedric, directeur général d’EMH, porteur de la mission « accueil » à Villeurbanne

Marzloff Prune, ancienne directrice du CAO de Villeurbanne géré par Forum-Réfugié Cosi


Amphithéâtre du Rize

23 Rue Valentin Hauy, 69100 Villeurbanne
Entrée libre