Jeudi 22 mars,

Il est 19h lorsque nous entrons dans la salle de conférence du Rize. Sur la scène, une platine et la collection de disques sont disposés sur une table autour de laquelle les artistes Magalie Rastello et Marcelo Valente, l’anthropologue Marina Chauliac et la bibliothécaire du Rize Laura Tamizé sont assis et nous accueillent.

Nous sommes quatre à nous être déplacés pour découvrir cette collection en ce jour de grève. Nous prenons place autour de la table. Après un bref tour de présentation, les artistes et Marina Chauliac reviennent sur la genèse et le cadre de cette recherche-action initiée par le CCO suite à l’arrivée de personnes en situation de migration sur le territoire de l’Autre Soie. Ce travail correspondait à la nécessité de construire conjointement avec les personnes en situation de migration, une trace de leur passage contrebalançant avec les mécanismes d’invisibilisation à l’œuvre dans les transformations urbaines.

Magalie Rastello et Marcelo Valente travaillaient déjà sur la question de la pérennisation et de l’échange d’informations par le biais de leur activité avec Atelier Optique. Il s’agissait d’interroger les modes de transmission des données à l’heure de la dématérialisation de l’information en créant des objets tangibles inspirés du disque vinyle. En couplant ce projet avec celui de faire trace du passage des personnes en situation de migration, ils ont explorés de nouvelles possibilités et interroger sous un autre angle la relation affective à l’objet. En effet, comme Marina Chauliac a pu le constater, ces disques prenaient sens pour les participants des ateliers comme une sorte d’album photo ou comme objet de décoration.

Marina Chauliac, ayant beaucoup travaillé sur les questions des migrations, a suivi le dispositif depuis sa mise en place. Dans un premier temps via l’accompagnement de deux stagiaires en anthropologie, Ludovica Botteglieri et Alessandro Marinelli, en immersion au Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile géré par Forum réfugiés – Cosi puis, en participant aux ateliers de création de la collection Audioscope et en réalisant des entretiens avec les participants des ateliers qui le souhaitaient. Conjointement et en lien, Marina Chauliac a questionné les traces laissées par les différentes vagues de migrations dans le quartier de l’Autre Soie. Son travail apporte un éclairage sur les enjeux de la création d’une trace intentionnelle du passage de ces personnes mais aussi sur les choix opérés dans le partage d’images et de musiques par les participants aux ateliers.

La création de la collection s’est réalisée en deux cycles de cinq et quatre ateliers. Chaque cycle comprenait une séance de présentation du projet, deux ou trois ateliers de création et un moment de restitution, permettant de remettre aux participants une version de leur disque et de se retrouver dans un cadre convivial. Lors des ateliers, la porte restait ouverte, les personnes entraient comme elles le souhaitaient, restaient un moment plus ou moins long en participant ou non. En tout, 43 disques ont été créés dont 30 se retrouvent dans la collection finale qui sera mise à disposition pour le prêt début 2019 à la médiathèque du Rize. Cette diminution du nombre de disque dans la collection s’explique essentiellement par les accords ou absence d’accords de diffusion par les participants des ateliers.

Nous avons eu le plaisir, après ce long moment d’échange, de faire l’expérience de la lecture de certains de ces disques sur la platine. Les artistes et Marina Chauliac tantôt nous livrant des anecdotes tantôt nous laissant nous imprégner et aller à la rencontre de cette collection hybride, riche… Indéfinissable.

J.Q.


Rencontre avec Magalie Rastello, Marcelo Valente et Marina Chauliac

Audioscope interroge le sens de graver des informations sur un objet physique et explore des supports hybrides pour conserver, transmettre, partager des données audiovisuelles.
Le projet réunit une designer et un artiste, Magalie Rastello et Marcelo Valente, autour de la notion de paysages mentaux et mémoriels de chacun, à travers  le recueil de récits et d’images. Audioscope est une expérience collective qui s’articule autour de supports de données audiovisuelles, avec comme point de départ le disque vinyle. Depuis un an, Magalie Rastello et Marcelo  Valente sont accompagnés de Marina Chauliac sur le volet scientifique en questionnant les traces laissées par les migrants du CAO de Villeurbanne à travers le dispositif artistique. Marina Chauliac est anthropologue et travaille depuis plusieurs années sur la mémoire et la patrimonialisation des migrations.

Le dispositif Audioscope est actuellement implanté au sein de l’actuel CAO (Centre d’Accueil et d’Orientation) de Villeurbanne, sur le site du projet Autre Soie, entre la beauté de la nature environnante et la réalité de la situation des migrants.

Un temps de découverte vous est proposé au Rize : présentation d’une collection d’objets audiovisuels mis en scène et activés à l’aide du dispositif Audioscope.

Projet initié par le Cco Jean Pierre Lachaize et Le Rize.

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Le 22 mars / 19h – 20h30

Au Rize – 23 Rue Valentin Hauy, 69100 Villeurbanne

Plus d’informations  ici.