Aujourd’hui, 13 février 2019, nous accueillons à l’Autre Soie un groupe d’anciens professeurs de ce qui était, ici, de 1949 à 1991, puis de 1991 à 2013, successivement un E.N.N.A. (Ecole Normale Nationale d’Apprentissage) puis l’I.U.F.M. des Brosses (Institut Universitaire de Formation des Maîtres). Ce groupe forme une amicale d’anciens enseignants et se réunissent de temps en temps pour partager des moments et se remémorer des souvenirs en commun.

Pour eux cette visite de l’Autre Soie est l’occasion de revenir sur un lieu qui a marqué leurs parcours de vie, de faire remonter des souvenirs, de partager leurs ressentis quand à la transformation des espaces. Pour nous c’est l’occasion de rencontrer des personnes qui ont contribué à façonner ce lieu et d’en apprendre un peu plus sur cette longue période de l’histoire du bâtiment et du site (la plus longue et la moins documentée). Nous avons notamment avec nous un ancien proviseur du lycée professionnel, l’ancienne documentaliste de l’ENNA, des professeurs d’enseignements généraux, de sport et de filières techniques.

Le principe de la visite est le suivant : ce sont les professeurs qui nous font visiter en nous guidant à travers différents emplacements, en évoquant et en échangeant des souvenirs et/ou des remarques sur le devenir du site. Finalement le projet de l’Autre Soie leur est présenté.

En terrain connu

“Oh ça fait drôle. J’étais encore jamais revenu ici”.

Les changements opérés sur les espaces sont sources de beaucoup de commentaires. Le temps a passé sur le bâtiment, il a été abandonné plusieurs années durant et depuis octobre il s’est doté de nouvelles formes, de nouvelles couleurs, de nouveaux occupants et voisins.

Il a été très intéressant de resituer avec les anciens professeurs les différents espaces de l’ex-ENNA : le CDI : aujourd’hui la Rotonde, l’ancienne entrée : la porte de l’actuelle cuisine, les anciens bureaux ou encore le gymnase ou la douzaine d’ateliers modulaires qui ont été détruits entre temps. Nous resituons ainsi les lieux qui étaient alors au cœur de l’investissement personnel et professionnel des personnes.

Le parc

“Nous l’appelions Mr. Bijard. Il s’occupait du jardin. Il était raide avec les élèves mais enfin bon les élèves le malmenaient aussi. Mais par contre aussi bien les iris que les rosiers, c’était magnifique. Là il y avait des ronds entiers où il y avait des iris”.

Nous sommes restés un bon moment dans le parc. Il semble avoir été un lieu important et très apprécié autant pour sa beauté, boisé et fleuri comme il était : “il était encore plus beau, il y avait plus d’arbres”,  que pour les moments passés (cours donnés sur l’herbe, pique-nique, fêtes). Le parc était, dans les années 70, 80 aménagé par un jardinier.

Création du parc de l’ENNA, plantations de conifères – 1963

La vie à l’ENNA

“Là  il y avait le CDI et avant c’était le restaurant. Et là il avait des grandes baies et on pouvait rentrer par là. Et un jour.. les stagiaires faisaient beaucoup de blagues à l’époque. Ils ont rentré une 2CV à l’intérieur”.

La visite fait surgir beaucoup d’anecdotes  sur la vie du lieu à l’époque de l’E.N.N.A. Un certain nombres de  jeunes professeurs-stagiaires et de membres de l’administration y étaient alors internes ou avaient un logement de fonction et vivaient ici toute l’année. Une personne nous indique avoir vécu 32 ans ici. Ce lieu était alors pour eux à la fois un espace de travail : “on travaillait beaucoup bien sûr“, mais aussi un lieu de la vie quotidienne ponctué par des moments conviviaux, des fêtes comme le bal annuel ou encore des moments de rigolade alors que les jeunes stagiaires faisaient quelques bêtises : “on rigolait bien dans le temps“.

Le lieu était alors très marqué par la vie en communauté que menait les professeurs-stagiaires qui vivaient en internat et par les rencontres entre différents mondes qui s’y croisaient : le monde universitaire et celui de l’industrie, de l’enseignement général et technique, des lycéens et des enseignants :

Vous aviez des gens qui venaient de la fac, d’autres de l’industrie, des gens qui étaient syndiqués, il y en avait qui avaient un passé.. des copains qui venaient de la résistance etc. Un brassage, alors je vais l’appeler culturel, sociologique, enfin ce que vous voulez. Et donc là il se passait des choses“.