Après notre première journée de terrain au Festival, nous avons eu l’occasion de nous rendre de nombreuses fois dans le quartier du Carré de Soie, parfois en affrontant la pluie et le froid ou la neige afin de nous familiariser avec le terrain et notre objet d’enquête.

Nous nous accordons tous sur plusieurs points : aux premiers abords les attentes du CCO et le travail que nous allions effectuer ne nous semblaient pas très clair. En effet, la balade urbaine et la signalétique sont des sujets très larges, et il existait plusieurs manières d’aborder ces thèmes. Par ailleurs, travailler avec le CCO supposait une pratique de l’enquête professionnelle, ce qui donnait à ce projet une dimension plus officielle, et peut-être plus stressante que les enquêtes effectuées en solo les années précédentes. A cela s’est ajouté des difficultés d’organisations au sein du groupe, au niveau des disponibilités principalement. Ces quelques problèmes passés, nous avons pu délimiter un objet d’étude auquel se consacrer et nous avons pu mettre au point notre propre méthodologie de la pratique d’enquête, en s’appuyant notamment sur l’audiovisuel.

Nous avons pu observer une très nette frontière entre la partie en construction du quartier, qui propose des immeubles à l’architecture moderne, un pôle de transports et un centre commercial et la partie plus industrielle au sud, avec des maisons d’ouvriers, à l’architecture atypique.

Crédit photo : Lina Yakoubene

Au niveau sensible, la partie sud du quartier nous semblait être plus à l’abandon bien qu’elle propose des espaces verts, des lieux patrimoniaux, témoins des migrations et de l’histoire ouvrière du quartier.

Crédit photo : Lina Yakoubene

Cette fracture existe aussi au niveau sonore au sein du quartier, nous observons (ou plutôt entendons) différents fonds sonores en fonction des paysages urbains du nord, du sud, de l’est ou de l’ouest, près du canal ou de l’hippodrome, sur la place du métro ou aux alentours du CCO.

Tout comme le quartier, le nouveau lieu d’implantation du CCO est en pleine reconstruction et en pleine transformation, ce qui nous pousse à nous interroger sur l’impact de ces transformations tant au niveau humain qu’au niveau urbain.

Crédit photo : Lina Yakoubene

Si l’on demande à certains apprentis ce qu’ils pensent de ce quartier, aucun ne vous répondra que ce quartier est facile à cerner, c’est comme un jeune enfant qui n’a pas encore fini de grandir. On ne peut pas le définir vraiment définitivement, lui ôter un caractère, un tempérament … il est plein de contradiction. A la fois flou et en pleine construction, il grandit chaque jour un peu plus. Il tend vers un objectif qui est le rayonnement, l’épanouissement : devenir un adulte responsable, autonome et épanoui. Fracturé entre l’ancienneté et la nouveauté, le Carrée de Soie est porteur d’une histoire : son évolution suit un rythme, une logique bien définie. Si l’on arpente un peu plus en profondeur les rues, on observe  des bâtiments d’un certain style et d’une certaine époque, qui nous rappellent que ces beaux immeubles neufs n’ont pas toujours été le centre du quartier.

Autrices : Ornella Brancard et Lina Yakoubene