Balade annotée

… balade à noter …

Bal à deux à nos thés à la menthe et au laurier

Auteur : Claire Autant-Dorier, maître de conférences à l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne, enseignante-chercheuse au Centre Max Weber et membre de l’Université de Lyon.

Le temps de la balade, le repérage des lieux : tracé écrit

Les histoires , récits, anecdotes de Christian

Le paysage – la nature

La présence des migrants dans le site – altération – altérité

 

… 15 h 45 … inertie de groupe… tout le monde dans la salle, autour de la table basse, des photos. Peu de migrants, certains sont partis dans un autre centre, d’autres sont occupés ailleurs et c’est le Ramadan.

J’ai repéré Christian, Fernanda a dit qu’il connaissait le quartier, je leur propose qu’on parte ensemble, premier noyau… ok

J’ai pris la photo du bar : point de rancard ! et celle du jardin à côté d’une maison en haut à droite sur le plan : c’est à 800 m dit Christian.

Christian a d’abord envie d’explorer l’arrière cours du Bâtiment SAO, on s’engage dans le couloir, on sort derrière. Quelques Algeco, des herbes folles, du linge qui sèche sur les buissons, 2-3 hommes qu’on salue.

Tout le groupe nous a suivi !!! mince c’était pas le but.

Fernanda précise que c’est un lieu intime pour les habitants du lieu, qu’on va les laisser.

On se retire. On reprend le couloir.

Sortie à gauche du bâtiment. On est 9 ou 10 personnes. Photographe, capteur de son, université populaire, chercheur preneur d’affiche et chercheur non identifié et autres…

Devant le bâtiment plus ancien qui jouxte le CAO « foyer pour jeunes filles ouvrières de la SASE, les fenêtres sont étroites parce qu’il y a une fenêtre par chambre, elles étaient accueillies là à 14-A5 ans, par les bonnes sœurs » me dit Christian. Le bâtiment est protégé par des barrières et des tôles pour éviter la chute de tuiles, briques ou corniche du toit.

C’est un bâtiment classé, une plaque mémorielle a été posée par l’école polytechnique qui l’a utilisée un temps, elle avait fait repeindre à l’époque seulement le 1° étage, de fait celui –ci est jaune, le reste en vieil enduit. La rue sépare Vaulx en Velin et Villeurbanne, mais il y avait le même bâtiment en face qui était la propriété de la ville de Vaulx en velin (ou l’inverse, je ne sais plus).

« On va allez voir s’il y a toujours ce truc dans le Parc »…Mystère… nous suivons Christian.

On contourne le bâtiment par la droite, après le mur d’époque surmonté d’un grillage, on est dans l’enclos d’un bâtiment d’entreprise. On découvre l’arrière du bâtiment « foyer », ses proportions carrées. Arrivés à l’arrière Christian nous montre un bosquet de lierre : dessous il y a une reconstitution de la Grotte de Lourdes, dans laquelle il y avait une statue de la Vierge de Lourdes. On ne peut pas s’avancer plus, le terrain est grillagé, on ne voit que la masse sombre et verte du Lierre, un container Poubelle et un panneau de limitation de vitesse, trace de ce que devait passé ici une rue ? improbable, il reste un goudron gravilloneux, mangé par les herbes folles.

On revient sur nos pas devant le CAO, Rue Alfred de Musset, j’avance décidée à rallier les maisons avec jardins, le groupe s’étire. Joli graff bleu à ma droite derrière la poubelle de verre, vieille enseigne violette et rideau de fer tiré matelasserie décoration sur la petite demi-place à l’angle de la rue.

Rappel à l’ordre de l’autre côté du trottoir : et vous avez loupé une des photos !

Demi-tour, on traverse la rue avec le photographe : de l’autre côté une plaque « cantonnement de la 47° campagne prisonnier indochinois » requisitionnés pour travaillés dans les usines textiles.

Christian précise qu’on est passé du nom SASE à TASE : les lyonnais auraient fait un procès pour usurpation du nom de « Soie », la rayonne ce n’est pas de la Soie, On passe alors à TASE pour Textiles.

On coupe repart, tourne à gauche en prenant la rue de la poudrette, dépôt TCL de la Soie, de l’autre côté Panneau de promotteur immobilier et immeuble en reconstruction « KArré Velvet », on traverse, on repart à droite « sinon on va arriver trop tôt à l’usine TASE qui est juste là derrière, « on va contourner pour aller vers les jardins ». On prend une petite rue à gauche, calme.

– Pourquoi ça s’appelle rue de la Poudrette ? demande Christian à Fernanda

Fernanda : c’était en rapport avec les carcasses d’animaux ou quelque choses comme ça je crois ?

– Non, avant il n’y avait pas de tout à l’égout, on collectait les excréments, et là c’état une zone d’épendage des excréments humains.

Contraste entre la rue de la poudrette bruyante, en chantier, avec beaucoup de circulation, des immeubles neufs modernes, le hangar TCL actif… ET la ruelle tranquille qui s’enfonce entre des maisonnettes, espace résidentiel, avec de la verdure, sans circulation. Contraste entre le côté bucolique et « ce qu’on a sous les pieds, il y a 150 ans ça sentait moins bon » ! On est en plein palimpseste.

A gauche, derrière un petit bout de pré enclos, l’espace Carmagnole, lieu associatif, haut lieu du quartier paraît-il souligne Fernanda. On aperçoit à gauche, derrière un grand bâtiment blanc, la fameuse usine Tase autour de laquelle tout tournait, autour de laquelle nous tournons.

On prend une petite allée sinueuse à droite, on reprend le large. 2 pas sur Alfred de Musset puis on se réengage à gauche dans une nouvelle petite allée calme.

Maison ancienne, vieux crépis, jardin fouilli

Maison rénové avec extension bois, jeux d’enfant et barbecue

Maison en travaux, échaffaudage, rénovation de façade

Maison coquette, petites fleurs, potager, petit chien qui aboie à la fenêtre.

Croisement de ruelle, placette.

A gauche on débouche sur le café – Restaurant La boule En Soie

A droite un petit monument au mort dans un massif, pierre noire « Personnel de l’usine mort pour la France en 1939-45. 2 colonnes Combattants / Résitants. 7 personnes dans chacune.

Commentaires de nos troupes : mais c’est celui de la photo ? Non, c’était des migrants la photo ? Je sais pas ? Là c’est pas des migrants, c’est pas le bon monument aux morts.

On avance tout droit, usine désaffectée, bruit de tronçonneuse dans un jardin.

Christian : « c’est fou quand on se promène dans ce quartier, ça se construit de partout, on tombe sur des nouveaux immeubles, on arrive dans des nouvelles rues, elle était pas là hier celle –ci ? »

Devant nous, un carrefour, une place. Aménagement urbain : 5-6 gros pôt de fleur surdimensionné aux couleurs flash, « design » vert, violet, jaune à l’angle de la placette. , à droite de l’autre côté de la rue, petite église rectangulaire au toit à double pente, grande croix sur la façade, style moderne : Eglise protestante se demande-t-on ? St Joseph. Le début de la place a été regoudronné, une aire de jeu avec des équipements récent est en recul et close à l’arrière. Impression froide. Mais en perspective une belle allée de platanes : de part et d’autre des jardins ouvriers.

Christian ravi nous présente ce qui était la rue principale de cette cité Tase et me dit : bon, ça ressemble à ta photo là ! Non, pas du tout ! mais bon, tant pis, on aura pas le temps d’ aller à la cité Marhaba, c’est 16 h 15.

Derrière il y a des petits bâtiments de 5 – 6 étages colorés, en bon état (HLM ou petites copropriétés ?).

Christian, un peu désappointé constate : « Mais du coup cette rue elle n’a même plus de nom. C’est elle qui desservait le quartier, et là ils l’ont condamnée (elle est piétonne). C’est intéressant de voir que c’est même plus une rue avec un nom »

Une jeune femme passe, demande ce qu’on fait là, quelqu’un du groupe lui explique qu’on regarde les changements du quartier, elle dit « oui, y’en a bien besoin ! »

Les jardins sont très jolis, enclos avec des clôtures métalliques vertes hautes, des cabanes en bois similaires, tout est bien ordonnancé. Le groupe s’interroge : est-ce des jardins partagés ? des jardins ouvriers ? la conversation s’engage avec 2 femmes qui jardinent.

Je m’avance jusqu’au bout de l’allée.

Au fond on voit des baraques et tôles bleutées : des garages faits maisons, en pieds d’immeubles, sur les parkings.

Au bout de l’allée, après une rue je vois un équipement collectif moderne en bois et enduit rose. Je fais demi-tour, un beau panneau blanc sur pied explique que les jardins familiaux ont été rénovés : financement de la Région, de l’ANRU, etc… avec les Logo et beau plan d’urbaniste avec tous les détails d’emprise, d’accès, de circulation…

Le groupe s’est avancée dans une allée perpendiculaire, mais deux personnes du groupe sont encore en grande discussion avec les femmes dans le jardins, par dessus le grillage elles font passer de la menthe et du laurier ! ça embaume, on est ravis.

Nous hattons le pas pour rejoindre le groupe, on tourne à droite dans un petit passage, puis à gauche sur le parking. Là aussi : baraques bricolées qui font office de garage = là pas de plan d’urbaniste, ni de mise en conformité. On a laissé aux habitants cette part d’initiative… pour le moment.

On rejoint un axe routier plus important, on manque se faire écraser en traversant, mais un automobiliste nous laisse passer : nos allures de touristes en goguette on dû susciter sa bienveillance. On tourne à gauche, long mur taggué, beaux dessins, un arbre aussi a bénéficié des inspirations artistiques, volutes bleues.

Derrières grands terrain vague et bâtiment des Sapeurs Pompiers, on tourne à droite. Un petit panneau indique que se trouve là la réserve du Musée des Sapeurs Pompiers (je lirais dans un doc « journée du patrimoine » disposés dans la petite salle d’accueil de l’usine TASE visitée ensuite que se trouve là près de 200 pièces : camions et autres pompes à eau). D’autres mémoires et traces attendent derrière ces murs.

On arrive devant la grille pour la visite commune de l’usine reprise par la SCI LA SOIE. Son propriétaire, le fils de son père qui a racheté le bâtiment à la fermeture de la TASE nous en dévoilera les coulisses, des bribes d’histoire, les usages actuels.