Ils ont fait vivre le site pendant les deux ans d’occupation temporaire. Ils repartent chargés de souvenirs et d’anecdotes sur l’Autre Soie. Nous avons interrogé Benjamin Pont, fondateur d’Habitat et Partage sur son expérience de l’occupation temporaire du bâtiment patrimonial.

Comment avez-vous vécu votre arrivée et votre intégration au lieu ? 

Pas très bien. On a emménagé en novembre, donc il a commencé à faire froid. On était dans une grande salle de 100m2 avec trois autres structures et on a eu du mal à se coordonner pour aménager la pièce et la rendre plus chaleureuse. Il a fallu attendre quelques mois pour qu’on prenne nos marques, mais finalement on a fini par en faire un lieu agréable tous ensemble.

 

Que retenez-vous de votre position au sein des initiatives collectives de l’Autre Soie ? 

On n’a été peu moteur. La difficulté, c’est qu’on travaillait souvent de chez nous donc on était présent sur le lieu qu’une journée par semaine environ. On n’a pas été très proactif, même si personnellement j’essayais d’être présent quelques fois et de contribuer à certains temps collectifs.

 

Qu’est ce que l’OT vous a permis d’inventer qui n’aurait pas pu se faire en d’autres lieux ? 

Les rencontres avec d’autres structures qui n’étaient pas du tout du même milieu que nous : culturelles et d’inclusion sociale. Et aussi, nous n’aurions pas participé à certaines activités sans la dynamique de l’Autre Soie. Ça a permis des rencontres, des échanges, des partages originaux.

 

Quels sont les temps partagés qui vous ont le plus marqués durant l’OT et pourquoi ? 

Le festival de l’Aventure Ordinaire pour son ambiance, sa richesse d’animations et sa diversité de personnes. Sinon, les petits ateliers sur des thématiques précises comme pour le financement de nos structures par exemple. Aussi les repas partagés. Au début de l’occupation, il y avait une dynamique autour de la gouvernance, de la signalétique, c’était intéressant.

 

Qu’est ce que vous retiendrez à titre personnel de l’occupation temporaire ? Un souvenir à partager ? 

Une expérimentation originale, qui demande à être renouvelée. C’était une première pour tout le monde, et avec plus d’expérience, de cohésion, d’organisation, ça pourra prendre encore plus d’ampleur et d’éclat.

 

 

Selon vous, quels sont les ingrédients nécessaires pour une occupation temporaire réussie ?

Je pense que ça demande beaucoup de préparation en amont, pour l’organisation, l’aménagement, et la gouvernance du lieu. La difficulté, c’est qu’il y avait la volonté que les occupants s’approprient le lieu et s’organisent mais on sentait aussi que le CCO était porteur du projet et organisateur. Donc c’était un peu difficile de prendre la main, et peut être qu’il aurait fallu plus anticiper cela au départ. Mais comme c’est une première on apprend (rires).

 

De quelle manière pensez-vous avoir laissé votre trace dans le projet de l’Autre Soie ?

Je pense que ce qui est intéressant, c’est qu’on a réussi à amener de nouveaux habitants au sein du quartier, grâce au projet d’habitat participatif et coopératif. Les habitants se sont appropriés le site et ont commencé à faire du lien avec le quartier, le CCO, les commerces aux alentours. Même si l’habitat n’est pas encore présent, on a déjà des habitants qui sont acteurs du vivre ensemble dans le quartier !

 

Comment avez-vous vécu votre départ de l’Autre Soie ? Aviez-vous une attache pour ce lieu patrimonial ? 

Là aussi, j’ai envie de dire, pas très bien. Le contexte du COVID n’a pas facilité les choses, et c’est vrai qu’on aurait bien vu une grande célébration pour marquer la fin de l’occupation temporaire. Finalement chacun a fait son déménagement en catimini, et s’est organisé comme il pouvait. Pour moi, ça manquait de rassemblement, parce que finalement, on avait vécu quelque chose ensemble. Une belle fête, quoi !

 

Selon vous, dans quelle mesure ce temps court de l’occupation temporaire aura une influence sur vos projets à long terme ?

Je pense que ça nous a permis de vraiment nous ancrer sur un territoire, de faire du lien avec les usagers, les acteurs, et les élus.

 

Comment les transformations majeures (urbaines et sociales) du quartier vous ont-elles marqués et/ou impactés pendant l’occupation temporaire ? 

On n’a pas été impactés. Mais ce qui est intéressant, c’est que c’est un bout de ville où personne n’allait. Et ce projet ambitieux a permis de créer une visibilité, un éclairage sur ce quartier et de faire venir des personnes qui ne seraient jamais venues ici.