En vue de l’exposition Trêves, Céline Fabre, stagiaire au sein de la recherche-action Palimpseste, rencontre les membres de l’occupation temporaire au CCO La Rayonne. Cette série d’entretiens nous offre un aperçu des différentes personnalités qui fréquentent ce lieu atypique.

Ateliers, histoire et peinture

Aujourd’hui je rencontre Omar et son fils Abd Al Malek, résidents du CHU (Centre d’Hébergement d’Urgence), bâtiment voisin de la Rayonne. Tous deux ont participé à l’Atelier Au Nord du Futur qui s’est concrétisé par une frise historique de la ville de Villeurbanne composée d’objets, exposée lors du festival Mémoire Vive.

Omar, lors d’un atelier Au Nord du Futur

Céline Fabre : Pour commencer, j’aimerais savoir depuis combien de temps vous vivez au CHU, à Villeurbanne?

Omar : Depuis juillet 2018, ça fera bientôt un an.

C.F : Vous étiez où avant?

O : Juste à côté, dans un village mobile, vers le stade, avec l’association Notre Dame. Maintenant, on est avec l’association Alynea (en charge du CHU).

C.F : Est-ce que vous vous souvenez de la première fois que vous êtes entrés dans ce bâtiment, quelle impression vous avez eue?

O : Oui, la première fois on était un peu curieux. Pendant la première visite, pour nous c’était une surprise parce que le bâtiment était grand par rapport à là où on était avant, dans des bungalows. On a participé à la peinture des chambres, ils avaient rénové et ont laissé la peinture pour les nouveaux habitants. C’était génial comme expérience, moi c’était la première fois que je peignais, pareil pour ma femme et mes enfants. On était contents de changer de lieu parce que il faisait très chaud dans les bungalows, et c’est pareil pour tout le groupe, on est 20 familles à loger au CHU.

C.F : Comment est-ce que vous vous sentez dans ce quartier, à Villeurbanne?

O : Ca va, c’est un quartier calme, il y a tout à côté, au niveau des transports, on est pas loin du centre ville, de la place Bellecour…

C.F : Parlons de votre rôle au sein des ateliers Au Nord du Futur, comment est-ce que vous en avez entendu parler?

O : Par le bureau de Alynea, ils ont passé le message et je suis toujours partant, avec mes enfants, ma femme…Ma femme et mon fils aîné ont pris part à un atelier d’informatique, avec Sayat (membre du CCO) et mes deux jeunes fils et moi avons pris part à Au Nord du Futur avec David, Fabien, Lilie. C’était un grand projet pour nous, l’histoire de Villeurbanne, depuis 1800 jusqu’à 2050… On a fait plusieurs étapes, chaque année il y avait environ 6 ou 7 thèmes. On s’est déplacé, on a fait des sorties pour se raccrocher aux lieux historiques, on a parlé avec les gens du quartier, des anciens qui sont ici depuis 40 ans.

C.F : Ils se livraient facilement?

O : Oui, on est allé plusieurs fois à la Boule en Soie (cf plan page 5), restaurant qui sert de point de rencontre, généralement les anciens vont là bas. Ils commençaient à s’intéresser au projet, c’était une bonne démarche du CCO de faire l’histoire du quartier et de raconter les choses qui se sont passées ici. Il y avait même le commencement de l’industrie de Villeurbanne, certains se sont beaucoup exprimés et étaient très contents de relire l’histoire.

C.F : (à son fils Abd Al Malek) Et toi tu te souviens de quoi de l’atelier?

Abd Al Malek : On a aidé pour la peinture et on a écrit sur les murs. On a fait aussi les crêpes.

C.F : Ah oui, lors du festival Mémoire Vive?

O : Oui on était là, on a présenté le projet avec d’autres bénévoles, on est 5 ou 6 dans le groupe. On a bien expliqué aux gens, de 9h jusqu’à 23h, elle était longue la journée! Et ca s’est bien passé, ils ont apprécié le travail qu’on a fait. Il y a même eu le maire, avec sa femme, ils étaient contents du projet.

C.F : Qu’est-ce que vous connaissez du projet de l’Autre Soie?

O : J’étais là à l’inauguration, avec Monsieur le Maire et des responsables d’Alynea. Pour le grand projet, on a hâte de voir les premières démarches, la rénovation du lieu historique, du CHU et la construction du nouveau quartier,

C.F : Qu’est-ce que vous souhaitez pour ce quartier?

O : Qu’il y ait toujours des bons plans pour faire les courses. On a déjà de la chance, il y a un grand terrain juste derrière, c’est un futur grand parc pour nous et pour le quartier. Ca sera un plus pour la ville de Villeurbanne et le Carré de Soie.

Parc de la Rayonne

C.F : En quoi est-ce que l’histoire vous semble importante? Ce lieu, pourquoi est-ce important de ne pas le détruire?

O : C’est normal. Moi je suis contre les gens qui détruisent les bâtiments historiques, il y a une grande histoire, celle du quartier, de la ville. Il y a même des gens qui sont passés par ici, un camarade qui est avec nous sur le projet, c’était un prof de l’E.N.N.A. Il a connu le lieu depuis 1970. Il y a beaucoup de gens du quartier qui attendent qu’on rénove, la rénovation du site historique, ce sera magnifique pour nous, pour les associations, pour le quartier. Ce sera un grand symbole, même pour les gens qui passent dans la ville et dans le quartier, les touristes. Et en même temps, il y a toujours des animations, des projets, des fêtes. Ces derniers temps ce lieu est toujours actif.

Propos recueillis le 31 mai 2019